Cinétique de la nicotine
Dans une cigarette, c'est la nicotine qui rend dépendant.
Mais la même substance, contenue dans les substituts
nicotiniques, permet chaque année à des milliers
de personnes se libérer de cette dépendance.
Ce paradoxe s'explique par la VITESSE à laquelle
la nicotine arrive dans le sang, puis au cerveau.
Une substance fumée ou inhalée arrivera toujours
PLUS VITE au cerveau que si elle était injectée.
En effet, lorsque la substance arrive dans les poumons,
elle passe directement dans le sang au niveau des alvéoles
pulmonaires. Or, ce sang, qui vient de se charger en oxygène,
est du sang ARTERIEL. Ce précieux liquide fera un
seul relais au niveau du coeur avant d'être "pompé"
en direction de l'ensemble des organes, dont le cerveau.
Entre l'aspiration de la fumée et l'arrivée
de la nicotine au cerveau, il se passera environ 8 à
10 secondes.
A contrario, une substance injectée arrive dans
toujours dans une VEINE. De là, le sang passe une
première fois dans le cœur avant d'être
pompée en direction des poumons (où il se
charge en oxygène). Puis il faut repasser une nouvelle
fois dans le cœur avant que le sang soit expédié
vers le reste du corps. Durée du processus: entre
30 et 60 secondes. Et, ce qui est plus important, l'arrivée
du produit au cerveau est étalée dans le temps.
Chez les fumeurs, après le "pic" initial,
la concentration de nicotine dans le sang va continuer à
augmenter jusqu'à ce que la cigarette soit terminée
(environ 5 à 7 minutes). Puis la concentration baisse
rapidement: après une heure, elle aura diminué
de moitié; après deux heures, il ne restera
plus qu'un quart du pic initial dans le sang.
"d'après J Foulds
et al. (2003)".
Comme on peut le voir ci-dessus, les substituts nicotiniques
produisent des concentrations moindres, à des vitesses
plus faibles que la cigarette. Le tabac sans fumée
(tabac à priser, snus suédois) occupe une
place intermédiaire.
Les gommes et les pastilles de nicotine ont un effet plus
rapide que le patch, car la substance relâchée
dans la bouche est récupérée par la
muqueuse buccale et parvient vite dans le sang (arrivée
au cerveau après 2 à 3 minutes environ). C'est
pourquoi les gommes sont utiles en cas d'envie subite et
impérieuse de nicotine. C'est aussi pourquoi il y
a un risque - relativement faible - d'en devenir dépendant.
La recherche montre que moins de 1% des utilisateurs de
gommes de nicotine sont dépendants des gommes, un
an après avoir arrêté de fumer.
Le patch, quant à lui, a l'avantage de libérer
sa nicotine petit à petit. Une heure peut passer
avant que la dose maximale - qui correspond généralement
à la moitié ou au tiers d'un "shoot"
de cigarette - soit atteinte dans le sang. Cette lenteur
explique pourquoi il est presque impossible de devenir dépendant
des patchs.
Message 014:
Références:
Pharmacologie de la nicotine ()
. J Foulds, L Ramstrom, M Burke, K Fagerström.
Tobacco Control 12, pp. 349-359 (2003):
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